Ma confusion rend tout titre bien superfétatoire.

Publié le par Sir F.D'Arz

     Chers amis lecteurs, vous me voyez confus. Cela fait maintenant un bon moment que mon collègue et moi n'avons points écrit, et je m'en vais vous en expliquer la raison.

      Depuis maintenant deux mois, le Docteur travaille sur un projet très important, l'Hilarium 205. Ce projet est une commande de l'armée, car si les gaz de combat sont proscrit dans votre monde, ils ne le sont pas dans le notre. Bien-sûr, nos amis militaires auraient aimé un gaz létal, mais nous sommes des scientifiques, nous ne nous mettons donc pas au service d'intérêts autres que le savoir lui-même. Néanmoins, le Docteur avait besoin d'argent pour ses projets personnels, et a donc pris le contrat.
      Comme vous l'aurez deviné, le gaz a pour principe de causer chez les victimes une crise instantané d'hilarité, qui peut entraîner une incapacité totale à combattre.
      Il y a un mois de cela, notre cher Docteur s'est incroyablement rapproché du résultat qu'il désirait en découvrant une épice venue des Indes dont la composition chimique était parfaite pour une partie du processus de création. Celui-ci jusqu'alors était un obstacle à nos recherches. Laissez moi vous conter ce qui nous est arrivé.

      Le 20 mai, au milieu de la nuit, je fut réveillé en sursaut par un cri. Je m'habillais avec hâte et quittait ma chambre. Dans le couloir, je fut rejoins par Sir Varz qui, comme moi, avait quitté son lit pour enquêter sur cet étrange bruit. Nous nous précipitâmes au rez-de-chaussée et, alors que nous arrivions au niveau de la porte du bureau du Docteur, celle-ci s'ouvrit violemment et le Docteur en jaillit, les cheveux en bataille et la blouse toute tâchée de rouge. Il s'écria alors : « Mille millions de mille milliards de becs bunsen ! Eurêka ! C'était pourtant si évident ! » Il se mit alors à soliloquer sur le meilleur moyen de trouver une chose dont nous ignorions encore la nature. Après quelques minutes d'ébahissement, mon collègue pris la parole : « Docteur, désolé d’interrompre votre discours, mais pourrions nous être mis au courant de la cause de cette excitation ? » Sortant de sa tirade sibylline, le professeur se retourna vers nous et sourit : « Et bien mes amis, j'ai la solution ! Mais pour cela, nous devons partir ! Faites vos valises sur le champ ! » Sans nous poser plus de questions, nous montâmes les escaliers quatre à quatre et entamâmes les préparatifs nécessaires à notre voyage vers une destination inconnue. Arrivés dans le hall, nous montâmes dans la voiture que le Docteur avait fait venir et prîmes la direction du Diridrôme, vous savez, ces installations gigantesques régissant arrivées et départs des dirigeables, et par extensions, de toutes les machines volantes.
      Il était encore cinq heures du matin et les premiers dirigeables ne partaient qu'à partir de six heures et demi. Le Docteur se précipita au guichet, qui était ouvert, et revint avec trois billets. Je lui posais alors la question qui nous brûlait les lèvres : « Où allons-nous Docteur ? » Ce à quoi ce dernier répondit « Aux Indes bien-sûr ! Où voulez vous que je trouve de l'Orador si ce n'est aux Indes ? » Je présume que vous devinez aisément l'expression de surprise qui se dessina alors sur nos visages. A sept heures, lorsque le dirigeable pris son envol vers les Indes, nous étions encore coi.

      Après cinq jours de voyages (c'est fou ce que la science peut faire ! Deux jours pour rejoindre les Indes ! Incroyable !), nous arrivâmes à Calcutta. Les paysages indiens étaient très différents de ceux d'Europe. Pas d'usines ni de cheminées. Toutefois, nous aperçûmes à plusieurs reprise des modèles de voitures à vapeur des plus luxueux.
      Lorsque nous mîmes pied à terre, nous fûmes accueilli par un vieil ami du Docteur, le professeur Herman Wessex, de l'Université d'Oxford. Celui-ci nous conduisit sans attendre à son domicile où nous pûmes nous détendre autour d'une tasse de thé de Ceylan. Le Docteur expliqua alors à son ami le but de notre expédition : nous devions nous rendre dans les montagnes afin de recueillir le plus possible d'échantillons d'Orador. Sans plus attendre, le professeur Wessex fit venir son majordome, un indien, et le pria d'aller quérir un guide et un moyen de transport.
      Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes arriver une Wallace VV-TT (Voiture à Vapeur Tous-Terrain) conduite par un autochtone d'une trentaine d'années. Nous nous attendions à voir surgir un éléphant monté par un vieux fakir, mais ce ne fut pas le cas, pour notre plus grand plaisir, et probablement aussi pour notre confort. Sans plus attendre, nous embarquâmes dans le véhicule et prîmes la direction des montagnes.

      Après un voyage mouvementé sur les pistes de la jungle indienne, nous arrivâmes finalement à destination. Au bout de deux heures de montée, le Docteur demanda à notre chauffeur de s'arrêter. Sir Varz estima à juste titre qu'il était temps de déjeuner, car le soleil était à son zénith et nos estomacs criaient leur mécontentement. Nous préparâmes donc le repas. Absorbés par notre tâche, nous ne remarquâmes pas la disparition du Docteur.
      Après une demi-heure d'inquiétude et de recherches autour du campement, nous le vîmes jaillir de la jungle, décoiffé et affichant une expression de fierté, voir presque de fatuité. Il tenait une fleur infundibuliforme rouge et la brandissait tel un trophée. Il nous regarda et dit « Mes amis, je vous présente Orador ! Cette petite merveille nous fournira les dix mille francs nécessaire à mes recherches. Trouvez m'en le plus d'échantillons possible. Nous rentrerons ensuite chez nous ! Au travail » Sans poser de questions, nous partîmes à la recherche de notre fleur montagnarde.

      Nous passâmes près de deux jours dans les montagnes. Après avoir cueilli presque une centaine de spécimens, nous retournâmes à Calcutta, où nous fîmes nos adieux à notre guide, au professeur Wessex, puis aux Indes.

      De retour à Nantes, nous passâmes nos journées et nos nuits dans le laboratoire à la recherche du parfait mélange chimique, celui qui nous mènerait à l'Hilarium 205. Ce fut après deux semaines de travail acharné que le professeur s'écria finalement « Sapristi, nous l'avons fait ! ». Sir Varz et moi-même partagions son enthousiasme malgré notre envie de rejoindre nos lits au plus vite.
      Le lendemain même, le Docteur présenta le projet, et comme toujours, il fut félicité pour son irréfragable génie. Quand à nous, ses deux assistants, nous fûmes bien heureux de pouvoir nous reposer. Ce ne fut que récemment que nous avons pris conscience du retard pris dans nos billets.

     Voici donc, chers lecteurs, la raison de notre si longue absence. J'ose espérer que cela ne se reproduira pas trop souvent, mais notre devoir de scientifique passe hélas avant nos passions littéraires. Quoiqu'il en soit, je vous dit à très bientôt.

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M
Fascinant! Votre voyage aux Indes, bien que court a été fructueux en effet!<br /> Pourrons-nous savoir comment l'Hilarium 205 sera utilisé? J'ose espérer que la population n'a rien à craindre de l'usage qu'en feront les militaires. Il serait en effet fâcheux d'être pris d'incontrôlables au cours d'un bal par exemple, cela manquerait totalement de classe!<br /> <br /> Votre sincère,<br /> Miss Menny.
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S
<br /> Et bien ma chère amie, je ne sais hélas point si les militaires nous laisserons connaître l'efficacité réel de notre gaz. Cependant, nous vous tiendrons informé si nous avons des retours.<br /> <br /> Votre serviteur.<br /> <br /> <br />